Les renseignements recueillis dans le cadre du Programme d’indemnisation pour les dommages causés aux récoltes par la faune du Manitoba indiquent que le nombre de demandes d’indemnisation présentées chaque année à la Province pour des attaques de prédateurs contre le bétail s’élève à 1 900. De ce nombre, le coyote est le prédateur visé dans environ 75 % des demandes d’indemnisation, le loup dans environ 20 %, et l’ours noir, le cougar et le renard se partagent les 5 % restants. Les veaux de boucherie pesant moins de 136 kilogrammes représentent environ 50 % des demandes d’indemnisation. Même s’il est impossible de prévenir toutes les attaques de prédateurs contre le bétail, les producteurs sont encouragés à adopter des pratiques agricoles qui réduisent le risque de telles attaques pour leur exploitation.
Pratiques agricoles générales pour réduire les risques
- Surveiller fréquemment le bétail (tous les jours, s’il y a possibilité) pour repérer immédiatement les problèmes et les régler avant qu’ils ne deviennent cruciaux.
- Maintenir les aires de vêlage et d’agnelage près des bâtiments où il y a des activités humaines; certains agriculteurs ont signalé avoir eu du succès en garant un véhicule agricole près de l’aire de vêlage et d’agnelage et en le déplaçant régulièrement dans cette zone générale.
- Loger le bétail dans des enclos la nuit et les placer loin de la couverture protectrice comme les arbustes, les arbres ou les herbes hautes (par exemple, 50 mètres pour les ours et 400 mètres pour les cougars).
- Modifier le calendrier des saisons de vêlage et d’agnelage afin de réduire les risques pour les jeunes animaux. Raccourcir la période de mise bas afin de réduire la période de temps pendant laquelle les nouveau-nés vulnérables se trouvent dans le paysage (c.-à-d. sur une brève période de temps au lieu de s’étendre sur de nombreuses semaines). Essayer de faire correspondre le moment du vêlage et de l’agnelage à celui de la mise bas des ongulés sauvages locaux. Si les proies naturelles vulnérables sont plus abondantes au moment de la naissance des veaux et des agneaux, les carnivores pourraient être moins susceptibles de passer d’une proie naturelle au bétail.
- Éviter de laisser le bétail sans surveillance dans les zones à risque élevé (par exemple, dans les broussailles, près des cours d’eau et sur un terrain vallonné).
- Entreposer les cadavres d’animaux et les animaux morts après la naissance de manière à empêcher les prédateurs d’accéder à ces attractifs.
- Mettre en sécurité ou enlever tout autre attractif potentiel sur la ferme pour empêcher les prédateurs de fouiller ou de fréquenter le secteur. Les attractifs comprennent la nourriture des humains, les aliments pour animaux de compagnie, les ordures et le compost ainsi que les amas de déchets qui peuvent fournir un abri aux espèces proie dont les prédateurs aiment se nourrir.
- Si vous n’avez pas eu de problèmes de prédation du bétail, ne retirez pas les prédateurs de votre région. Leur retrait permettra à d’autres prédateurs qui pourraient avoir une plus grande tendance à s’attaquer au bétail de pénétrer dans la région.
Méthodes de contrôle non létales des prédateurs
Clôture électrique
Les clôtures électriques sont un outil très efficace pour réduire les risques. Les options comprennent les clôtures électriques classiques, la modification des clôtures existantes afin qu’elles soient électrifiées et le fil électrifié (turbo-Fladry) (voir les dispositifs d’effarouchement et les répulsifs ci-dessous). Communiquez avec un fournisseur de clôtures électriques bien renseigné pour connaître les options détaillées de systèmes de clôtures électriques.
Animaux gardiens
Les animaux gardiens, y compris les chiens, les ânes et les lamas, peuvent protéger efficacement le bétail contre les attaques de prédateurs. Ces animaux restent avec le bétail pour assurer leur protection 24 heures sur 24.
Les chiens de garde sont particulièrement recommandés, et en multiples de deux (pour assurer leur propre protection). Ils doivent être choisis en fonction de l’endroit où le bétail est gardé et des prédateurs courants dans la région. Ces chiens doivent être choisis parmi les races qui ont été élevées à cette fin et être adéquatement formés pour entretenir des liens avec le bétail et le protéger.
Les ânes sont également utiles pour protéger le bétail, mais ils ne sont pas aussi efficaces que les chiens. On sait que les ânes, par nature, ont un comportement agressif envers les canidés, comme les coyotes et les loups, mais ils n’ont pas d’instinct protecteur envers le bétail. Cela pourrait rendre le bétail vulnérable à la prédation par les ours noirs ou les cougars. Si vous décidez de recourir à des ânes, il est préférable de choisir des ânes femelles ou des ânes mâles castrés.
Gardez à l’esprit que certains coûts d’achat et d’entretien des animaux gardiens sont déductibles du revenu imposable.
Dispositifs d’effarouchement et répulsifs
L’utilisation de dispositifs d’effarouchement et de répulsifs est une solution à court terme, car les prédateurs s’y habitueront rapidement. Toutefois, ils peuvent être utiles comme mesure provisoire jusqu’à ce que des méthodes à long terme puissent être mises en œuvre. Les dispositifs sonores (comme les canons effaroucheurs, les radios et les bruiteurs activés par des détecteurs de mouvement) ont un succès limité lorsqu’ils sont utilisés conjointement avec des moyens de dissuasion visuels (comme les lumières et les épouvantails).
La ligne de Fladry, en particulier le turbo-Fladry (ligne de Fladry électrifiée), a été utilisée avec succès pour protéger le bétail contre la prédation par les loups (non recommandée pour protéger le bétail contre la prédation par les coyotes). Une ligne de Fladry est une corde parée de petits drapeaux accrochée autour du périmètre d’une zone à protéger. Le turbo-Fladry consiste en l’installation d’une ligne de Fladry sur un fil de clôture électrique, ce qui peut accroître l’efficacité de la méthode. Pour installer un turbo-Fladry (ou une ligne de Fladry), il faut suspendre les drapeaux à un fil installé à une hauteur de 60 cm (environ la hauteur du museau d’un loup) et à environ 60 cm à l’extérieur des clôtures de protection du bétail existantes (pour empêcher le bétail de manger les drapeaux). Laisser un intervalle maximal de 45 cm entre les drapeaux. Suspendre les drapeaux rouges (ou orange) de 8 cm de largeur sur 45 cm de longueur, de sorte que le bas du drapeau se trouve à une distance de 10 à 15 cm au-dessus du sol. La ligne de Fladry qui ondule avec le vent agit comme une barrière psychologique pour les loups. Le fil électrifié renforce la barrière psychologique si les loups deviennent plus audacieux.
Les répulsifs ont obtenu un succès limité dans la prévention des attaques de prédateurs. Leur coût est préoccupant, car bon nombre de répulsifs coûtent cher, et ils doivent être appliqués fréquemment pour que leur effet soit maintenu.
Méthodes de contrôle létales des prédateurs
Les méthodes d’élimination des prédateurs peuvent comprendre l’utilisation d’armes à feu et de dispositifs de piégeage; l’utilisation de poison est interdite. L’élimination n’est pas une option de gestion des affrontements avec les cougars, car cette espèce ne peut être abattue légalement au Manitoba.
Piégeage
Les producteurs dont le bétail est attaqué par des coyotes, des loups ou des renards sont encouragés à travailler de façon proactive avec un trappeur titulaire d’un permis. Les trappeurs titulaires d’un permis peuvent capturer ces espèces pendant la période d’ouverture de la saison de piégeage réglementée. Les dispositifs les plus couramment utilisés sont les pièges à mâchoires et les collets à ressort. Si des pièges sont posés, vous devriez informer vos voisins des endroits et de la date auxquels ils ont été posés afin qu’ils puissent tenir leurs animaux de compagnie éloignés de ces endroits. Sachez que des restrictions sont mises en œuvre concernant l’utilisation d’animaux morts comme appâts afin de réduire la propagation de maladies. Pour plus de détails sur le piégeage, consultez le Guide du piégeage du Manitoba.
Les producteurs qui souhaitent travailler de façon proactive avec un trappeur de prédateurs dans leur région et qui ne connaissent aucun trappeur avec lequel communiquer sont invités à demander des recommandations en communiquant avec la Manitoba Trappers Association (association des trappeurs du Manitoba) au numéro de téléphone 204 739-2624 ou avec un agent de conservation de leur bureau de district local. Il est préférable de communiquer avec un trappeur de prédateurs avant l’ouverture de la saison de piégeage afin qu’il puisse se familiariser avec votre région et les activités d’élevage.
Chasse
Les coyotes et les loups peuvent être chassés à l’aide de cors de chasse (y compris les cors de chasse électroniques) par des personnes titulaires d’un permis de chasse. L’utilisation d’armes à feu doit être conforme aux lois fédérales et aux règlements municipaux locaux. Sachez que des restrictions sont mises en œuvre concernant l’utilisation d’animaux morts comme appâts afin de réduire la propagation de maladies. Pour en savoir davantage sur la chasse, consulter le Guide de la chasse du Manitoba.
Défense des biens
Le paragraphe 46(1) de la Loi sur la conservation de la faune stipule « qu’une personne peut tuer sur le bien-fonds ou la terre domaniale un animal de la faune autre qu’un orignal, un caribou, un cerf, une antilope d’Amérique, un couguar, un wapiti ou du gibier à plume afin de défendre ou de protéger ses biens ». Ainsi, les propriétaires de biens-fonds sont les seuls à pouvoir abattre ou piéger des animaux sauvages nuisibles (sauf ceux mentionnés ci-dessus) sans permis, sans d’abord en faire rapport à un agent de conservation et sans respecter les restrictions normales liées à la saison de chasse et de piégeage qui s’appliquent. Cette disposition se limite au bien-fonds appartenant au particulier et ne comprend pas les terres domaniales ou les biens-fonds privés en location. Toute personne qui tue une espèce d’animal sauvage afin de défendre ou de protéger ses biens doit – en vertu du paragraphe 46(2) de la Loi sur la conservation de la faune – en faire rapport à un agent de conservation dans les 10 jours qui suivent.
Le producteur dont le bétail est attaqué sur une terre qu’il loue peut communiquer avec un agent de conservation pour demander qu’un permis spécial lui soit délivré afin d’autoriser le producteur (ou son remplaçant désigné) à éliminer le ou les prédateurs attaquants.
Ne pas utiliser de poison
Sachez qu’en vertu de la Loi sur la conservation de la faune, nul ne peut posséder un poison ou un mécanisme d’empoisonnement pour chasser, piéger, capturer ou tuer un animal sauvage.
Programme d’indemnisation des dommages causés aux récoltes par la faune
Les producteurs dont le bétail est blessé ou tué par des ours, des coyotes, des cougars, des renards et des loups peuvent obtenir une indemnisation auprès de la Société des services agricoles du Manitoba (MASC) dans le cadre du Programme d’indemnisation des dommages causés aux récoltes par la faune. Nous conseillons aux producteurs de communiquer avec le bureau de la MASC le plus près pour obtenir des renseignements ou de consulter le site Web de la MASC.
Les producteurs qui soupçonnent avoir perdu du bétail à cause de la prédation par la faune, mais ne peuvent fournir de preuves leur permettant d’obtenir des fonds dans le cadre du Programme d’indemnisation des dommages causés aux récoltes par la faune, sont invités à faire rapport de la situation à un agent de conservation du bureau de district local. Les agents de conservation peuvent être en mesure de fournir des renseignements supplémentaires pour faciliter la situation.
Programme d’élimination des prédateurs gênants
Le Programme d’élimination des prédateurs gênants du Manitoba aide à éliminer les prédateurs (coyote, loup ou renard) qui ont attaqué le bétail ou qui présentent un risque accru pour la sécurité humaine. Le programme ne vise pas la réduction générale de la population de prédateurs. Le Manitoba apporte un financement annuel à la Manitoba Trappers Association (association des trappeurs du Manitoba) pour l’administration et la prestation de ce programme.
Les producteurs dont le bétail a été attaqué par un prédateur et qui ont eu accès au Programme d’indemnisation des dommages causés aux récoltes par la faune (voir ci-dessus) peuvent alors communiquer avec la Manitoba Trappers Association, au numéro de téléphone 204-739-2624, pour demander qu’un trappeur de prédateur soit envoyé pour éliminer le ou les prédateurs nuisibles dans leur région.
Les trappeurs de prédateurs qui souhaitent travailler dans le cadre du programme sont invités à communiquer avec la Manitoba Trappers Association pour obtenir plus d’information sur la façon de participer à celui-ci.
Chiens domestiques et chiens féraux
Les chiens domestiques et les chiens féraux ne sont pas considérés comme des animaux de la faune en vertu de la Loi sur la conservation de la faune. En tant que propriétaire de bétail, vous ne recevrez pas d’indemnisation pour les pertes causées par les attaques de chiens domestiques ou de chiens féraux.
Il est important que les producteurs reconnaissent les prédateurs dont la présence a des conséquences sur leur bétail, car la responsabilité des dommages causés au bétail par les chiens domestiques et les chiens féraux est parfois attribuée aux prédateurs qui vivent à l’état sauvage.
Chaque prédateur a tendance à attaquer les proies d’une manière différente. Contrairement à d’autres espèces, les chiens domestiques et les chiens féraux mordent et entaillent de nombreuses parties de leur proie sur une grande partie du corps au lieu de s’attaquer à une partie particulière. Bien que les chiens domestiques mangent rarement le bétail qu’ils ont tué, les chiens féraux le font parfois. L’identification des pistes et des excréments peut indiquer aux producteurs si le bétail a été attaqué par des chiens ou par d’autres prédateurs.
S’il est évident que des chiens ont attaqué votre bétail, envisagez les options suivantes :
- demander à vos voisins de maîtriser leurs animaux de compagnie;
- communiquer avec le bureau municipal pour connaître les règlements administratifs qui s’appliquent aux animaux de compagnie qui ne sont pas tenus en laisse;
- demander l’aide d’un agent municipal de contrôle des animaux.
Groupe de travail sur la protection du bétail contre la prédation
Mis sur pied en 2013, le Groupe de travail sur la protection du bétail contre la prédation travaille à réduire le risque de prédation sur le bétail au Manitoba. Les membres du groupe comprennent des représentants d’Ressources naturelles et Développement du Nord Manitoba (coprésidence), de Manitoba Beef Producers (coprésidence), de la Société des services agricoles du Manitoba, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, de la Manitoba Sheep Association, de la Manitoba Trappers Association et de la Manitoba Goat Association.
Le Groupe de travail a notamment pour mandat de formuler des recommandations au gouvernement et aux intervenants concernant les options, les stratégies et les solutions pour la protection du bétail contre la prédation.